jeudi 31 décembre 2015

Eliminer la concurrence b) se débarrasser d'un collaborateur ambitieux


   Bonjour à tous,

   Vous le savez sans doute, l’exercice de fonctions administratives de haut niveau ne peut se faire sans le concours de quelques collaborateurs. 
   En effet, étant donné votre niveau de prestige, décision et exécution ne sauraient êtes mêlées : indubitablement, telle situation tendrait à affaisser l’ampleur de votre aura. 

   Ainsi l’occupation du pouvoir nécessite-t-elle la composition d’une équipe de collaborateurs. 
   Cependant, malgré votre prudence lors du choix de ces derniers, il arrive parfois que l’un d’entre eux, désireux d’une plus grande implication que les tâches soi-disant ingrates que vous lui confiez – alors que travailler pour vous constitue forcément une chance – se croie en droit de contester votre leadership.

   Il tient à obtenir davantage de responsabilités ? Entrez dans son jeu et offrez-les-lui. Mieux encore, faites-le savoir au restant de l’équipe. 
   Confiez-lui alors les dossiers piégeurs, complexes, et dont la mise en œuvre nécessite la connaissance de maintes subtilités que vous êtes seul à connaître. 
   Ne lui transmettez évidemment qu’une information partielle et, dans sa sueur glaciale, laissez-le mariner.

   Ecrasé par la pression, puisqu’il tient tant à prouver sa compétence aux yeux du monde, les chances sont fortes pour que le collaborateur n’ose pas vous demander de l’aide.

   Ainsi, dans de telles conditions, qu’il se vautre royalement ne devrait être qu’une simple formalité.

   A vous, ensuite, de décider de le ramasser – ou non – à la petite cuillère pour, au choix, faire un exemple ou vous présenter en sauveur. 


   Pr. Fourbe

vendredi 18 décembre 2015

Eliminer la concurrence a) le détournement d’idées


   Bonjour à tous,

   Si la direction d’un UFR – ou d’un modeste département, Rome ne s’est pas faite en un jour ! – constitue un judicieux moyen d’imposer l’Excellence à quelques collègues pseudo-progressistes aux idées utopiques, l’occupation de celle-ci, même pour un coutumier des hautes responsabilités tel le Professeur Fourbe, réserve bien des surprises – par exemple, lorsqu’un compétiteur sournois se verrait bien prendre votre place. 
   Loin de se déclarer en adversaire, il arrive en effet que celui-ci cherche à s’imposer progressivement, en débutant par la proposition, de plus en plus fréquente, d’idées censées améliorer les vôtres.

   Bien entendu, votre expérience du pharisaïsme faux – vous en avez-vous-même usé pour accéder au pouvoir –, vous permet de pressentir les desseins du perfide individu : en présentant ses brillantes idées aux yeux du monde, il apparaît de jour en jour davantage légitime pour prendre les commandes. 
    Bref, vous l’avez vite compris, M. Idées veut votre poste. Il convient dès lors de stopper son ascension avant qu’il ne soit trop tard.

   Très vite, l’évidence vous vient à l’esprit : vous ne pouvez agir directement, en refusant ses idées à chaque fois qu’il les propose lors des réunions. Devant témoins – surtout si ceux-ci sont enthousiastes –, tel comportement ne ferait que démontrer votre peur de la concurrence.

   Au contraire, acceptez ses bonnes idées avec une circonspection feinte, prenant à témoin la salle que vous laissez sa chance à ce « penseur qui a su convaincre ».    
   Précisez, bien entendu, auprès de votre auditoire, les risques qui pourraient être associées à ses idées.    
   Vous pliant aux principes ô combien irrécusables de la démocratie, vous les appliquerez cependant.

   Plus encore, faites savoir à qui veut l’entendre – en dépit, rappelez-le, de votre prudence personnelle – l'ampleur de vos efforts afin que triomphe l’avis général. 
   Opérez alors un détournement des idées initiales, en les vidant de leur substance, et confiez-en l’application aux individus les plus incapables. 
   Derrière vos discours, vous faites ainsi tout votre possible pour qu’elles échouent de la plus pitoyable manière. Et elles échoueront.

   Qu’il est alors regrettable de constater que se sont produits les risques que vous aviez prédits ! 

   Par ce procédé fort simple, vous jetez ainsi le discrédit sur votre rival, tout en voyant saluer, par vos collègues, votre incroyable discernement.


   Pr. Fourbe

L'exercice du pouvoir


    Bonjour à tous,

   Si l’enseignant-chercheur offre à la fois ses compétences à la diffusion du Savoir qu’à la progression de celui-ci, il n’est pas rare que le maître précité occupe également des responsabilités administratives, de natures diverses. 

   Pour l'enseignant fourbe et dévoué à la Connaissance, les responsabilités administratives constituent un habile moyen d'éclairer l'Université des lumières de l'Excellence – et, accessoirement, pour le fourbe, d'intensifier tant son aura que ses moyens d'action (Cf. La lutte pour les responsabilités administratives : les décharges de cours).

   Membre du conseil d’administration ou de la commission scientifique, directeur de département ou d’UFR, etc., l’enseignant du supérieur dispose ainsi d’une ribambelle de possibilités pour accroître son pouvoir, et ce de manière plus ou moins directe.

   Toutefois, si obtenir le pouvoir est une chose, le garder en est une autre.
   Subséquemment, par les articles de cette section, vous présenterai-Je quelques fourberies en ce sens (Cf. Eliminer la concurrence : a) le détournement d'idées ; b) se débarrasser d'un collaborateur ambitieux).

   Ainsi, une fois encore, le Professeur Fourbe vient-il à votre secours par le biais de ses brillantes idées. 


   Pr. Fourbe

jeudi 17 décembre 2015

Du fonctionnement de tout bon secrétariat


   Bonjour à tous,

   A mesure que nous évoluons dans la présentation du milieu universitaire, force est de constater que la fourberie n’est pas l’apanage des seuls professeurs.
   En effet, que vous soyez enseignant ou simple apprenant, vous fûtes nécessairement confronté au fonctionnement de divers secrétariats, lequel ne manqua pas, sans doute, de provoquer en vous une certaine frustration.
   Faisant face à une porte close, dilapidant votre pause matinale à patienter dans un couloir, ou encore débouté dans vos demandes, vous fulminâtes alors contre le manque d’organisation de ces exaspérantes composantes administratives.

   Vous n’aviez encore songé à l’évidence : loin d’être livré au désordre, le secrétariat n’était que trop bien organisé. 
   Pour sûr, tout bon secrétariat obéit à des règles typiques, que ma longue expérience me permet de vous résumer ici :

   1°/ Les secrétaires sont toujours moins nombreuses que leur effectif théorique, leurs congés divers, pauses officieuses et autres vacances (on aura tout vu !), se succédant avec une précision quasi scientifique.

   2°/ Les secrétaires opèrent un partage des tâches singulier : ainsi, la secrétaire chargée de l’accueil s’occupe également du téléphone, manière d'accroître encore davantage votre temps d’attente.

   3°/ Les secrétaires prennent leur pause en même temps que vous, de sorte que leur bureau est toujours fermé lorsque vous souhaitez vous y rendre.

   Ainsi, lorsque vous parvenez enfin à trouver une secrétaire, toute la frustration accumulée au cours de votre parcours se transforme, par l’application de ces simples règles de gestion, en un immense soulagement.

   Car oui : par-delà les embuches, vous avez enfin le privilège d'être reçu... par une personne aimable, souriante, et presque aussi fourbe que vous.
  

   Pr. Fourbe

jeudi 10 décembre 2015

La chargée de TD mesquine


   Bonjour à tous,

   Compte tenu de la période généreuse séparant la création de cette rubrique (Cf. S1. Les enseignants) de mon premier article consacré à un sous-fifre, il put être supputé mon souhait de repousser autant que possible l’emplissage de la présence rubrique. 
   Et bien que nenni. 
   La droiture du Professeur m’impose cet aveu : je cherchais les mots afin que mon secrétaire personnel ébauchât, le plus exactement possible, l’étendue de la sournoiserie de cette doctorante impérieuse qu’est la chargée de TD mesquine. 

   Résumons-la ci-après :

   Sa pédagogie abjecte repose sur l’infantilisation de ses étudiants, qu’elle maintient dans la terreur avec une maîtrise proprement redoutable. 
   Tortionnaire calme et froide, la chargée de TD mesquine prend plaisir à choisir sa victime, parcourant la liste de ses étudiants comme l’enfant potelé fait son choix devant la propre vitrine du confiseur. Ses questions sont subtiles, et augmentent en difficulté à mesure que l’étudiant répond, de sorte qu’est nécessairement atteinte, tôt ou tard, la limite de ses connaissances.

   Face au silence progressif de la salle apeurée, elle défie celle-ci en brandissant une arme secrète : le point de participation – lequel s’avère, bien entendu, dans les faits, fort délicat à obtenir.

   Ne craignons pas d’énoncer la vérité : la chargée de TD mesquine franchit parfois la limite de l’ignoble, voire même de la méchanceté gratuite.

   Quant au ramassage aléatoire des travaux personnels, qu’elle recueillît le travail des mêmes étudiants trois fois de suite, à la seule fin, puisqu’ils se croyaient en sécurité, de leur affubler un zéro, m’impressionna beaucoup.
   Nous en parlâmes donc entre collègues.

   De l’avis de mon jovial collègue le Maître de conférences triste, ne lui manquait plus, pour être parfaite, que la cravache et la combinaison en latex. Ce fut, curieusement, à cet instant, que mon ami le PRAG détestable fit irruption – de là à se prononcer sur quelque amalgame douteux…

   Enfin… Comprenez quel regret me submergea de la voir partir, une fois son contrat d'ATER terminé !

   Puisque dotée tant de fourberie dès ses jeunes années, je ne doutais aucunement que la chargée de TD mesquine occupât un jour un poste de Maître de conférences, lequel permettrait qu’elle exploitât au mieux l’étendue de ses compétences pédagogiques.


   Pr. Fourbe

Le Maître de conférences triste

   Bonjour à tous,

   Aux fins de poursuivre l’inventaire de mes collègues – fussent-ils seulement quelquefois, nous l’avons vu, de simples enseignants dénués de dévotion à la recherche –, je tenais à vous présenter aujourd’hui un spécimen que nous pourrions ensemble qualifier de grisâtre, tant par son teint qu’en vertu de l’état d’esprit qui est le sien. Ainsi préludons-nous cet article consacré au Maître de conférences triste.

   Le Maître de conférences triste ne laisse aucun doute quant à sa nature calme et maussade. D’entrée, avant même ses premières paroles, son expression fade annonce la couleur : le gris. 
    En effet, c’est sans salutations que le Maître de conférences triste réalise son entrée dans l’amphithéâtre, sa frêle sacoche à la main, ne fixant, au loin, que l’estrade qu’il ne quittera plus. Sur le bureau, avec un calme mécanique, il disposera ses feuillets, veillera à leur alignement avec le cadre de commandes des lumières. 
   La vérification faite, il offre un premier regard terne à l’auditoire fourmillant. 
   D’un ton monocorde, terriblement faible, il débute le cours. Face à son audibilité toute relative, le silence vient de lui-même. Il se présente mollement, sans omettre son HDR et ses responsabilités, les énonçant toutefois de guerre lasse, comme si l’habitude leur ôtait toute valeur.

   Point d’emphase ou de gestes théâtraux : le Maître de conférences triste n’a point pour fonction de divertir, pas davantage d’éveiller l’intérêt de ceux qui, déjà, aux derniers rangs, semblent avoir renoncé à suivre les enseignements de notre ami. 
   Bien qu’il osât, à quelque époque passée, quelques blagues et jeux de mots faciles, lesquels lui décochaient alors un pâle sourire vite rejeté, leur sempiternelle répétition, d’année en année, finit par ne plus l’amuser non plus. Il les énonce encore cependant, probablement afin de constater qu’elles ne distraient guère ses étudiants non plus.

   Imaginez alors la folle allégresse régnant dans l’amphi alors que le cours s’achève. Si bien que mon entrée en scène, au terme des longs murmures de mon collègue, est toujours triomphale.

   Par cette présentation succincte, je ne doutais point que vous appréhendassiez davantage l’objet secondaire de cet article : le positionnement que j’effectue de mes cours. 
   En effet, passés, successivement, entre les mains vicieuses de mon ami le PRAG détestable, puis devant l’inébranlable fadeur du Maître de conférences triste, les étudiants s’en trouvent heureux d’assister à l’arrivée du Professeur Fourbe, dont le charisme froid et les répliques assassines passent alors pour pure bénédiction.
   Bonus ultime : terrassés psychologiquement, les étudiants se révèlent aussi dociles que peu nombreux.

   Pr. Fourbe

samedi 17 octobre 2015

Le PRAG détestable


   Bonjour à tous,

   Il est devenu une sorte de jeu que de dresser les portraits anonymes de quelques-uns de mes collègues universitaires, avec cependant – vous n’en doutiez pas – le souci affirmé du plus grand réalisme. Ainsi, tel un panel de notes s’étalant du pitoyable à l’excellent, rencontrons-nous, au sein même d’une Université visant à diffuser l’Excellence, des enseignants aux profils formidablement divers.
   Il me tenait alors à cœur que je vous présentasse un charmant collègue en la personne du PRAG détestable.

   A l’instar de l’Inspecteur Harry, le PRAG détestable exècre tout le monde, sans aucune différence d’âge, de caractère, de sexe, d’orientation, de statut, de diplôme, de nationalité ou de couleur de peau. Le traitement est le même pour tous : après tout, quelles que soient les fioritures sous lesquelles il se pare, un cafard reste un cafard.
   Secrétaires, collègues titulaires ou simples vacataires, conférenciers belges, étatsuniens, penseurs français ou britanniques, étudiants asiatiques, portugais ou africains, et jusqu’au balayeur pakistanais ou turc – peu importe… –, tous bénéficient ainsi d’un agréable surnom, notre PRAG réussissant maintes fois l’exploit de cumuler xénophobie, racisme et misogynie au sein d’une unique expression nominant quelque être absolument insignifiant auprès de ses yeux froids.

   Vous l’avez sans doute deviné, le PRAG détestable méprise tout un chacun, et sa vanité est sans égale.

   La Terre ne mérite pas de porter le PRAG détestable : ce n’est rien de moins qu’un privilège qu’il accorde à celle-ci en daignant, chaque matin, déposer précautionneusement, l’une après l’autre, sur le parking de l’Université, avec l’application lente du gastéropode hautain, la pointe de ses mocassins de cuir, en quittant l’habitacle luxueux de sa Mercedes-Benz toujours impeccablement polie.
   Quant à serrer ensuite une main ou offrir quelque salutation, la tâche apparaît trop ingrate. A quoi bon de telles familiarités avec… le décor ?

   Incontestablement, en termes d’égo, le PRAG détestable domine le débat : face à lui deviendrait presque frêle le narcissisme du Maître de conférences prétentieux, alors que ma Maître de conférences préférée – mais elle le vaut bien – et Moi-même – je le vaux bien aussi –, passerions presque pour modestes.

   Détestant tout et tout le monde, au point même, quelquefois, de leur refuser le droit d’exister en tant qu’identités propres, vous imaginez alors ô combien est grande sa déconsidération à l’égard de ses étudiants.    A vrai dire, non – vous n’imaginez pas.
   Dénués d’intelligence comme de la moindre jugeote, ils seraient bien incapables de réussir un quelconque examen si le par-cœur, partenaire d’un bachotage acharné, ne leur permettait point de feindre, quoique pitoyablement, la compréhension de quelque leçon. Inutile alors de tenter, auprès de ces incapables paresseux, l’inculcation véritable du Savoir, et encore moins de l’Excellence, lesquels ensembles précités se trouveraient, sans doute et aussitôt, détruits au contact de la médiocrité.
   Comme me l’avouait notre plaisant ami, « espérer qu’ils comprissent les fondements les plus simples d’une discipline était déjà, bien évidemment, trop demander ».
   Rapportés à l’ampleur de sa pensée, ces propos constituaient, indubitablement, de doux euphémismes.

   Ainsi donc s’achève notre présentation du PRAG détestable, au sujet duquel je sus, dès notre première rencontre, qu’il s’agissait d’un être formidable, dont la présence exquise était en mesure d’apporter le plus grand contentement.
   Osons le dire : le PRAG détestable rend le monde plus beau.

   Pr. Fourbe

jeudi 15 octobre 2015

L'altruisme n'existe pas, par le Pr. Fourbe


   Bonjour à tous,

   Il serait mentir que de prétendre n’avoir jamais eu la moindre once d’espoir en l’humanité. Je fus bien sûr, comme chacun d’entre nous, un enfant – jeune et crédule, ignorant et rêveur –, et j’y crus un instant. Telle croyance est évidemment révolue depuis fort longtemps. 
   En conséquence, la perception auditive d’inepties vantant la charité de l’Homme, estimant même ce dernier comme « bon » m’a toujours rendu malade. Et, je l’avoue, terriblement amer. 
   Ne faisant aucune exception à la règle, j’ouvrai ainsi de grands yeux, alors que je me trouvais dans mon bureau, en entendant, la conviction dans la voix, le regard pétillant de croyance, un collègue vanter l’altruisme exceptionnel de ces merveilleux êtres appelés humains.

   Il n’en fallait d’ailleurs guère davantage, ce matin, pour je régurgitasse mon chocolat. Je vous le dis tout net : nous avons frôlé la catastrophe – il n’aurait plus manqué que mon breuvage brûlant se rependît sur le bureau, damasquinant au passage, tant copieusement que fortuitement, l’exemplaire, impeccable en dépit de son âge respectable, d’un brillant ouvrage paru en 1776.    
   Je me levai et claquai la porte, me séparant ainsi des hallucinations ahurissantes – voire probablement contagieuses – émises par ce collègue que je pensais pourtant sain d’esprit.

   En effet, il était absolument inconcevable à mes yeux – pour ne pas dire mensonger – qu’existât, en un esprit humain normal, autre pensée que l’égoïsme pur. L’inverse me semblait rigoureusement effarant. 
   A vrai dire, les fondements et préceptes d’une telle théorie de l’égoïsme patientaient déjà en moi depuis fort longtemps : quoi que nous fissions, nous ne cherchassions jamais que notre satisfaction propre, personnelle, dans quelque pensée parfaitement égotiste.

   Transposée au présent, la règle reste la même : chacun de nos agissement n’est calculé qu’en vertu d’une satisfaction devant en résulter. 
   Quel qu’il soit, nous ne faisons chaque geste que pour nous-mêmes, en dépit, parfois, des apparences, lesquelles revêtent souvent les attributs du trompeur.

   Ne croyez pas, lorsque nous donnons une pièce à un nécessiteux, que notre but réel est de lui apporter une aide : il est, en vérité, de nous procurer le plaisir de lui fournir cette aide – satisfaction de secourir, d’une part, satisfaction, d’autre part, d’être reconnu comme l’ayant fait. Apaiser la souffrance d’autrui est un moyen d’éradiquer la nôtre, laquelle naît d’une empathie que nous n’avons pu réprimer. Accessoirement, nous nous donnons bonne conscience.

   Autrement dit, ce n’est guère le malheur ou le tourment d’autrui qui nous gêne, mais le fait qu’il nous gêne – provoqué par cette fameuse empathie –, et nous pousse à agir. 
   Notre titre accrocheur se montre ainsi inexact : l’altruisme existe, mais tout altruisme est intéressé.

   Ainsi, que nous nous efforçassions de corriger les fléaux frappant autrui n’était toujours que le souhait qu’ils n’affectassent plus notre propre expérience.

   La charité n’existait donc qu’aux fins de nous apaiser nous-mêmes, et chacun de nos actes ne suivait jamais que ce but. Donner n’était invariablement qu’un habile moyen de recevoir. 
   Etait-ce pour autant un problème ? Ma foi, non. 
   L’altruisme est fourberie – et c’est sans doute sa plus belle création.


    Pr. Fourbe