mardi 17 septembre 2019

Les étudiants : bim, bam, boum


   Chers lecteurs,

   En cette rentrée naissante, alors que le premier semestre balbutie, il était exclu que je manquasse à mes obligations et omisse d’évoquer avec vous un sujet aussi important que les étudiants d’aujourd’hui.

   En quelques mots ? Délitement intellectuel. Débâcle culturelle. Consternation. 

   Une nouvelle génération d’esthètes, fanatiques du smartphone, dont les plus illustres phénomènes, fagotés de tenues estivales peu en adéquation avec la rigueur des amphis, sont déjà, le premier jour, démunis de carte d’étudiant, de jugeote, et du moindre savoir-vivre.

   Désolé, gros : askip on n’est pas là pour ambiancer.

   Et que dire de certaines étudiantes, débordant de fond de teint, plus orange que Donald Trump, davantage adaptées au casting de Cagole Academy qu’à une procédure Parcoursup… ?

   Face à tel public, je pressens dès lors – fébrile, résigné – les copies garnies de truismes sans le moindre intérêt, dont le langage kikoulol et l’orthographe ubuesque font davantage écho aux Anges de la Maison des Secrets Saison 8 qu’à une narration ambitieuse.

   Ajoutez à cela une politesse très relative, un labeur déplorable et une street cred marquée, et vous aurez un portrait fidèle de notre nouvel auditoire.

   Et ça espère vraiment passer en L2 ? Déso, pas déso : y a pas moyen, Djadja.




   Pr. Fourbe

vendredi 13 septembre 2019

La rentrée


   Chers lecteurs,

   Difficile, en tant que fin représentant du corps enseignant, de me soustraire plus longtemps à la rédaction d’un billet consacré à cette transition vers le labeur, à cet éternel recommencement, à cette agonie de l’été que signifie la rentrée.

   Cette année encore, après avoir un temps savouré l’exquise saveur d’une tranquillité sans faille, idéale pour mener un semblant de recherche, loin des amphithéâtres grouillants, des collègues barbants et des couloirs fades, vous fermez votre résidence secondaire et, le cœur gros, le bagage lourd – d’articles scientifiques, évidemment (cf. les vacances de l'enseignant-chercheur) –, reprenez la route avec une once de regret.

   J’ai l’air d’appréhender la rentrée. C’est un peu plus complexe.

   Ah ! Les au revoir émus à la chaise-longue, à l’atmosphère iodée, aux petits crabes de couleur, mais aussi aux zazous des plages qui, aussi insensibles à la désagrégation de leurs neurones qu’à la cuisson de leurs épidermes, restent affalés sur leurs serviettes et, scotchés à leurs smartphones, ingurgitent des glaces bleues. 
   Ajoutez à cela Bella ciao, les tatouages Carpe diem et les éclaboussures sableuses, et vous comprendrez ô combien j’abhorre la plage.

   La rentrée est presque moins détestable. 
   En dépit de considérations organisationnelles toujours imprécises, je retrouve rapidement mes repères, mes habitudes et les plaisirs associés à mes fonctions : le délice de nouvelles stratégies de pouvoir, l’accueil des nouveaux collègues, dont l’innocence fait sourire, la contemplation des frimousses des L1, aux traits effrayés par l’échec annoncé d’une majorité d’entre eux.

   En somme, la rentrée est une belle journée. Peut-être même l'une des meilleures.



   Pr. Fourbe

vendredi 22 février 2019

L'amphithéâtre grouillant

   
   Chers lecteurs,

   Symbole de l’Université s’il en est, l’amphithéâtre est un drôle de lieu. 
   Enlaçant l’abondante assemblée, composée à la fois d’aucun et de mille visages, il est le réceptacle d’une cueillette universitaire des plus hétéroclites.

   Vous devinerez ainsi, parmi les premiers rangs, la petite crème des besogneux ponctuels, attentifs, dont l’expression et les hochements de tête, subséquents à vos explications, vous permettent de situer l’intelligibilité de vos propos.

   Plus loin, répartie aléatoirement, comme dispersée par le renversement du panier, l’armada des étudiants moyens, auxquels les prompts renforts technologiques ont su soustraire, au fil des années, jusqu'au dernier quantum de concentration. 
   Çà et là, quelques aoûtats endormis, shootés aux SMS et autres notifications Snapchat, subissant, heure après heure, l’inaltérable logorrhée ou le verbiage de quelque barbant collègue (cf. La Maître de conférences insipide).

   Enfin, le fond de l’amphi, territoire des retardataires, mais aussi et surtout des jeunes zazous qui font le tintouin, taguent les toilettes et fraudent dans le bus.

   Au fil des semaines, nous ne connaîtrons jamais que quelques spécimens parmi la vaste et anonyme flopée des apprenants.
   « Encore heureux ! » conclurait le PRAG détestable, levant les yeux au ciel alors que je me surprendrais à sourire.


   Pr. Fourbe