samedi 3 octobre 2015

Le Maître de conférences fainéant

   Bonjour à tous,

   Inutile de vous faire part de ma surprise en découvrant, au sein de mon université, un enseignant de la nature du Maître de conférences fainéant. En effet, il me semblait surréaliste qu’un tel défenseur de l’oisiveté fût arrivé à occuper une pareille fonction, tant les efforts, pour y parvenir, sont de grande ampleur. 
   Je tenais donc à savoir par quel prodige, et dans quel but, pût-il être tortueux, notre homme se trouvait parmi nous, ainsi membre de la "grande famille des enseignants-chercheurs" – en tout cas, nous autres Professeurs savons l’appeler ainsi en période d’élections.

   En conversant quelque peu avec l’individu à la sortie d’un cours – lui professant, bien entendu, dans un amphithéâtre plus modeste –, je menai habilement l’échange – mais qui en doutait… ? – pour l’orienter vers le sujet souhaité. Tapi derrière un demi-sourire de glace – inspirez-vous allégrement de Stéphane Bern, sa compétence en la matière est remarquable – j’appris alors rapidement, certes déguisée, la terrible vérité : ce n’était que dans cet objectif affreux de « travailler trois jours par semaine » que le Maître de conférences fainéant avait rejoint nos rangs.

   Fallait-il ainsi que ses considérations répudiassent à ce point toute sa volonté passée… ? Ou alors considérait-il avoir atteint l’Excellence – subjective, rappelez-vous.
   L’idée m’effleura brièvement l’esprit, à l’instant où la lecture d’une brillante copie débutant par : « Adam Smith, en bon mercantiliste… », provoquait – du moins le devinai-je, le phénomène ci-après étant fréquent – un certain agrandissement de mes pupilles choquées. Tiens donc. 
   Oui, oui, bien sûr. 
   Non !

   J’eusse aimé qu’il ne m’avouât pas pareil crime, lequel ne fait définitivement pas honneur à notre humble profession, pour laquelle la dévotion à l’Excellence ne saurait être optionnelle.
   Au terme de notre échange, je comprenais néanmoins pourquoi il était apprécié de ses étudiants puisque, tout comme eux, il répudiait le goût de l’effort.
   A la différence des derniers cités que lui, antérieurement à son jugement, savait au moins, un tant soit peu, de quoi il parlait.


   Pr. Fourbe

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