dimanche 15 mai 2016

Le roi des fourbes


   Bonjour à tous,

   L’univers politique vous a appris à user des entourloupes scabreuses, des tromperies les plus noires, des fraudes obscures et des plans ignobles. Pour autant, même un Président sortant, socialiste de surcroît, ne saurait se passer des conseils du Professeur Fourbe. 
   Ainsi proposé-je la mise en place d’un stratagème ambitieux, quoique prévisible, édifié autour de trois grands axes : l’union de votre propre famille (I), l’implosion du camp adverse (II), ainsi que la fausse baisse du chômage (III).

I – Rassembler son propre camp, de gré ou de force.

   Afin que votre famille politique s’unisse autour de vous avec le plus beau sourire, deux leviers majeurs sont à votre disposition :

1°/ Démanteler l’opposition interne (écologistes, frondeurs, troublions divers), faire des cadeaux, offrir des postes – en somme, acheter la loyauté de vos serviteurs, quitte à les jeter aux oubliettes une fois l’élection passée.

2°/ User vos sous-fifres, les utiliser comme fusibles, rester le seul présidentiable de toute la bande. 
    Si besoin, ressortir du saloir les grands pontes de la gauche et obtenir leur soutien.

   Voilà, votre camp est derrière vous. Maintenant vous faut-il encore pourfendre le camp adverse, au moyen d’une double lame fourbe et tranchante (II).

II – Le camp adverse : éliminer et faire monter.

   L’opposition qui vous fera face se divise en réalité en deux catégories : opposition crédible – celle qui prendra votre place si vous la laissez faire –, qu’il faut détruire, et opposition-système, qu’il faut le plus possible faire monter. Deux missions sont donc à mener :

1°/ Démolir l’opposition crédible, celle qui pourrait vous battre – autrement dit, la droite. Tendre des pièges à votre rival le plus sérieux – lui savonner la planche, ressortir les vieilles affaires, faire raisonner les casseroles, l’empêcher de s’imposer comme le leader naturel de son camp. Ainsi, si la besogne est bien faite, n’y aura-t-il personne face à vous.

2°/ Dans le même temps, par sécurité, tâcher d’élever l’opposition-système, de sorte à l’amener au second tour. Par les rouages aisés de la diabolisation et la levée d’un bouclier prétendument républicain, vous assurerez-vous alors d’une victoire triviale.

III – Le chômage : tout mettre en œuvre pour le faire baisser.

   Malgré la mise en œuvre des deux manœuvres ci-dessus, la baisse du chômage reste une condition de première ordre afin d’être réélu (III). Il vous faut alors :

1°/ Jouer avec les différentes catégories de chômeurs – manipuler les chiffres, en somme –, multiplier les contrats aidés et autres dispositifs du même genre.

2°/ Miser sur la formation. Puisque les chiffres doivent vous être favorables à un instant t, peu importe s’ils explosent à nouveau une fois l’élection passée. 
   Ainsi une sournoiserie émerge-t-elle : en déplaçant le commencement des formations en novembre-décembre, et en poussant le nombre d’inscrits au maximum, vous vous assurez d’une baisse du nombre de chômeurs, cette dernière soit-elle une illusion grossière.

   J’en ai fini avec ces quelques conseils. 
   Je vous donne donc rendez-vous dans quelques mois, le soir du second tour des présidentielles, afin que nous examinions la concrétisation – ou non – de mes prophéties dilatoires.


   Pr. Fourbe

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