vendredi 11 mars 2016

La théorie des trains


   Bonjour à tous,

   Parmi les raisonnements portant sur des thèmes aussi primordiaux que ceux exposés au sein des Tribulations du Professeur Fourbe, il arriva que certains d’entre eux donnassent naissance à de véritables théories, et tout particulièrement, s’agissant du pragmatisme, à la Théorie des trains. 
   Présentons-la concisément ci-après.

   Au même titre que vos concurrents, voyageurs impatients et rivaux, vous attendez sur le quai. Les opportunités prennent la forme de trains, que n’annonce aucun chef de gare. 
   Et les offres passent, plus ou moins conformes à vos attentes. 
   Vous ignorez quelle sera l’offre suivante, ni même si celle que nous attendons tous – l’Excellence – se présentera un jour.

   Sachant que l’opportunité parfaite côtoie l’illusion, le but est alors de s’en approcher le plus possible, obéissant, de la sorte, à une rationalité que nous pouvons qualifier de pragmatique (Cf. Fourberie et médiocrité).

   Celle de vos concurrents s’inscrit dans la même logique. 
   Alors qu’un train arrive en gare, tous le considèrent et les intéressés se meuvent, résolus à fouler les corps de ceux qui barreront leur chemin. 
    Au terme de cette lutte acharnée – pour une finalité n’étant, pour beaucoup, qu’un objectif pragmatique, rappelons-le –, l’opportunité vous échappe et le train repart. Et ainsi avec les suivants.

   Si vous attendez trop longtemps, il arrivera un jour où il n’y aura plus de trains. Un jour où vous resterez à attendre sur le quai.

   Suivant une idée proche, survient un instant où l’attente atteint son paroxysme. 
   Las d’espérer cette Excellence qui sans doute ne viendra jamais, vous vous résignez alors à embarquer dans ce compartiment banal, à destination de cet horizon dont vous ignorez la couleur, sans savoir si, ultérieurement, il eût été possible que vous rencontrassiez meilleure offre. 

   La théorie des trains est l’essence-même du pragmatisme.


   Pr. Fourbe

Les petits jeux du Pr. Fourbe : d) Les explications à rallonge.


   Bonjour à tous,

   Il arriva quelquefois, dans ma jeunesse d’enseignant-chercheur, qu’un étudiant se crût autorisé à interrompre mon monologue afin de poser une question à laquelle ma bienveillance légendaire daignait évidemment répondre. 
   Pourtant, nonobstant l’argumentation passionnante déployée par mes soins, il m’apparut très vite que la populace estudiantine faisait, dans sa large majorité, l’offense de n’en prendre note.

   La situation était alors trop belle pour que je laissasse passer l’occasion d’un nouveau divertissement fourbe : en l’occurrence, les explications à rallonge.

   En effet, sachant vos propos ignorés par nombre d’étudiants, n’ayez crainte de vous lancer dans des éclaircissements interminables, à partir desquels, sans transition aucune, vous poursuivrez furtivement sur la suite du cours, omettant bien sûr d’en préciser les différents titres, sous-titres et autres sous-sous-titres.

   Puis, au terme de votre exposé à la luxuriance dantesque, annoncez la partie suivante – en l’occurrence, le point III.
    Celui-ci n’ayant pris note de vos dires, vous percevrez alors les bruissements de l’auditoire affolé – « c’étaient les sous-sections 2 et 3 ??? » –, sans doute aussi réjouissants que l’image de la centaine de mines vaincues s’étalant sous vos yeux.


   Pr. Fourbe