mercredi 29 juillet 2015

Le PRAG mythique


   Bonjour à tous,

   Il est, au sein de l’Université qui est mienne, un PRAG mythique, sur lequel les légendes flatteuses vont bon train. Compte tenu de sa renommée et de son importance sur la vie de la Faculté, il fallait donc aujourd’hui que Je réalisasse, au sujet du PRAG mythique, un article en bonne et due forme.

   Dans un certain sens, il est d’usage de qualifier de « mythique » ce qui n’existe pas. Ici, le PRAG mythique existe en tant que personne, et non moins par le biais des récits que colportent, au fil des promotions, des étudiants désireux d’étaler leurs pseudo-connaissances sur l’histoire et le parcours de cet enseignant connu de tous.

   Talentueux, populaire, et des plus doués pour capter l’attention de son auditoire à mesure d’anecdotes – lesquelles s’avèrent finalement plus denses que le cours lui-même (Cf. De l'art de chateaubrianiser ses cours) –, le PRAG mythique est apprécié.
   Il suscite l’intérêt, et bien des étudiants souhaitent alors faire lumière à son sujet. Leurs recherches sont vaines. 
   En effet, le PRAG mythique n’est pas du genre à publier un quelconque CV, encore moins à se vanter de son rang au concours de l’agrégation – bien qu’il puisse se targuer, à ce sujet, d’avoir atteint le podium des majors. 
   En conséquence, faute d’informations à se mettre sous la dent, les étudiants n’éprouvent guère d’hésitation à propager des ouï-dire, satisfaisant par-delà leur propre curiosité. 

   Parmi la pléthore d’anecdotes mélioratives entourant sa personne, le PRAG mythique s’est ainsi vu glorifier de deux doctorats, de nombreux ouvrages, et non moins d’un statut de contributeur cinq étoiles au profit de Wikipédia.

   Puisse l’attitude vous paraître curieuse, cependant Je me garderai de distinguer le vrai du faux.
  Après tout, il me semble que tant d’honneurs, en tant qu’expression de qualités qu’attribuent au PRAG mythique ses étudiants, témoignent d’une incontestable reconnaissance de leur part.
  Celle-ci étant réelle, épargnons-nous de la détruire. 


   Pr. Fourbe

dimanche 26 juillet 2015

Le grand PREX

   Bonjour à tous,

  En proie à des interrogations quant à la signification de l’obscur pseudonyme présenté en titre, vous supputez sans doute, compte tenu d’une certaine ressemblance de prononciation avec un certain T-REX – et non moins avec le Grand Rex –, que je m’apprête à vous présenter une créature quelque peu terrifiante, ou tout du moins susceptible d’impressionner.
    En effet, l’acabit de notre enseignant est somme toute éclatant. Pour le percevoir justement, il convient cependant d’en expliciter l’aimable sobriquet – ce à quoi nous allons nous atteler au cours du paragraphe ultérieur.
   Si le corps des Maîtres de conférences est scindé en deux classes – la Classe Normale et la Hors Classe –, celui des Professeurs des Universités en est quant à lui composé de trois : la Seconde, la Première, ainsi que la Classe Exceptionnelle (Cf. Les carrières des enseignants-chercheurs).
   Ainsi, si tant est que cela soit utile – à mon sens, cela ne l’est pas –, on abrège le Professeur de Seconde Classe en PR2, le Professeur de Première Classe en PR1 et, selon le même modèle, le Professeur de Classe Exceptionnelle en PREX. 
  En conséquence, vous l’aurez deviné, le grand PREX n’est autre qu’un Professeur bénéficiant du plus haut traitement. Il est ainsi considéré en tant que « grand », non moins par son salaire que par sa stature. En d’autres termes, le grand PREX domine l’Université.
   Il domine également la communauté des chercheurs de son domaine, la Classe Exceptionnelle qui est sienne ayant été obtenue au prix de publications scientifiques de qualité, à la fois abondantes et dignes d’éloges, quelquefois à même de révolutionner la discipline toute entière.
   En contrepartie, davantage chercheur qu’enseignant, le grand PREX – quand il ne prend pas la direction de l’Université, de la Faculté, ou de son Master 2 le plus réputé – n’est guère vu dans les couloirs de la Faculté. 
   Ainsi, comme le légendaire T-REX, le grand PREX est connu de tous, sans qu’il ait été donné à chacun le privilège de le voir.
   Et, lorsqu’il arrive au Professeur de donner quelques heures de cours – ou, plus simplement, d’effectuer une visite sur le campus –, se posent sur lui des regards respectueux, dignes du rayonnement qu’apporte, sur la France, la pertinence de ses recherches. 

   Pr. Fourbe

Le Maître de conférences prétentieux

            Bonjour à tous,

Vous repérerez facilement le Maître de conférences prétentieux grâce à de nombreux indices, lesquels ne laisseront que peu de doute aux esprits attentifs qui sont bien sûr les vôtres. En effet, dans l’immense majorité des cas, c’est écrit dessus.

Rarement sur son visage mais, à coup sûr, sur tout document écrit que sa personne aura daigné toucher. S’il est convenu que tout plan de cours distribué est orné du nom et de la fonction de l’enseignant qui en est l’auteur, il n’est, au contraire, guère souhaitable d’en ajouter davantage.

Ainsi, dans le cas du Maître de conférences prétentieux, attendez-vous en outre à découvrir l’étendue de son soi-disant pouvoir poulpesque au sein de l’Université via la multiplication d’un nombre incroyable d’inutilités et d’abréviations – l’exemple le plus fréquent, si l’Homme est amateur des raccourcis, étant le traditionnel « MCF HDR HCL » subséquent au patronyme du personnage.

Bien entendu, la présidence d’un quelconque colloque, la responsabilité d’une unité administrative quelle qu’elle soit, de même que son appartenance à un prétendument célèbre groupe de recherche au nom improbable, seront forcément indiquées. Le tout sur un simple plan de cours.

Dans une logique similaire, le Maître de conférences prétentieux a pour habitude d’appliquer, sur son propre nom, en signature de mail, un lien vous propulsant vers son CV, garni, comme il se doit, de la moindre de ses interventions universitaires – fût-ce, une demi-journée, la vice-présidence d’un stand minable lors des portes ouvertes du campus. Ainsi, autant vous prévenir de suite, c’est une longue pluie de séminaires, colloques, communications et autres discussions sordides qui se déversera sur vous si malheur vous prend de cliquer.

Et si ses fonctions antérieures ont été diverses, attendez-vous à un raz-de-marée de précisions destinées, une fois encore, à ce qu’il se démarque du néant. S’il est passé par la recherche pure, il précisera bien sûr avoir été Chargé de recherche de « Première Classe », histoire de se démarquer des modestes « Seconde Classe » qu’il ne regardait déjà, à l’époque, sans que ses yeux ne le piquassent – comme il dédaigne aujourd’hui les jeunes MCF, véritables béjaunes, et plus encore les chargés de TD, auprès desquels il aime se vanter.

Pour finir, en l’absence de document, un petit test infaillible pour vous permettre de débusquer un Maître de conférences prétentieux – cela est fort simple, puisque celui-ci parle tout le temps de lui. Suivez donc le MCF sur lequel se portent vos soupçons et patientez.
S’il rappelle à qui veut l’entendre – un collègue, une secrétaire ou même le premier étudiant venu – son statut précis, alors vous avez gagné : félicitations, vous avez débusqué un Maître de conférences prétentieux !


Pr. Fourbe