Bonjour à tous,
Comment ne pas aborder la thématique des sentiments – à même de corrompre, sinon de réprimer la fourberie la plus vive, et ce au sein des esprits les plus réfléchis – par leur mise en relation avec les facultés qui doivent être celles du fourbe.
Toutefois, si l’impact négatif des sentiments sur la fourberie ne fait aucun doute, tant ceux-ci l’amenuisent, la relation liant sentiments et Excellence est bien davantage complexe, et requérait donc, une fois encore, quelques lueurs de ma part.
Il fallait donc que je m’emparasse du problème et qu’après quelques tergiversations, entre deux chapitres de La Théorie des sentiments moraux, je rédigeasse ce modeste billet.
Par sentiments, limitons-nous ici aux caprices du cœur, lesquels, plus que tout autre, sont capables de bien des folies – et non moins de grands malheurs. Il n’en reste pas moins que notre raisonnement, certes dans une moindre mesure, s'applique à l'entier panel des sentiments.
A partir de cette première convention, mon argumentation était donc la suivante :
A première vue, l’intérêt amoureux, puisqu’il détourne notre attention vers l’être qui nous enflamme, paraît des plus condamnables – entre deux chemins, au profit du cœur, celui de l’Excellence étant finalement délaissé. Obnubilant notre esprit au détriment des efforts à destination du but, ultime et initial, que représente l’Excellence et la réalisation de soi, nos sentiments devraient ainsi être refoulés, bannis, détruits.
Dans le cas de tempéraments basiques, peu motivés, enclins à se laisser choir à la rencontre du moindre obstacle – et, de la sorte, à baigner dans la médiocrité –, il ne fait guère de doute que les sentiments constituent une barrière à même d’empêcher une possible ascension vers l’Excellence.
Cette première conception, si nous ne devons pas, bien sûr, la rejeter en bloc, souffre de nombreuses limites.
En effet, il est fondé de penser que s’éprendre d’autrui peut, sous certaines conditions, dans le cas d’esprits battants et désirant l’Excellence, constituer une sorte d’encouragement vers ce but.
En d’autres termes, l’obsession amoureuse, incitant à donner le meilleur de nous-mêmes, permettrait une certaine élévation par rapport au médiocre. Après tout – consciemment ou non –, n’est-ce pas pour une personne particulière, au-delà d’un regard global certes réel, que nous prenons tant de soin à vaincre un pli de chemise tenace, à cirer nos chaussures, à soigner des détails que personne, sinon nous, ne sera en mesure d’entrevoir ?
En prolongeant cette idée, nous pourrions même considérer cette intervention sentimentale comme la raison pour laquelle nous visons l’Excellence.
Par cette conception, l’Excellence ne serait donc plus un but en soi mais, au contraire, le cheminement à destination des préceptes de notre affection.
Au fond, par l’Excellence – l'atteinte du grade le plus élevé, l'exercice de responsabilités, la publication d'articles dans des revues classées, etc. –, peut-être ne cherchons-nous jamais que cette reconnaissance amoureuse… ?
Pr. Fourbe
Toutefois, si l’impact négatif des sentiments sur la fourberie ne fait aucun doute, tant ceux-ci l’amenuisent, la relation liant sentiments et Excellence est bien davantage complexe, et requérait donc, une fois encore, quelques lueurs de ma part.
Il fallait donc que je m’emparasse du problème et qu’après quelques tergiversations, entre deux chapitres de La Théorie des sentiments moraux, je rédigeasse ce modeste billet.
Par sentiments, limitons-nous ici aux caprices du cœur, lesquels, plus que tout autre, sont capables de bien des folies – et non moins de grands malheurs. Il n’en reste pas moins que notre raisonnement, certes dans une moindre mesure, s'applique à l'entier panel des sentiments.
A partir de cette première convention, mon argumentation était donc la suivante :
A première vue, l’intérêt amoureux, puisqu’il détourne notre attention vers l’être qui nous enflamme, paraît des plus condamnables – entre deux chemins, au profit du cœur, celui de l’Excellence étant finalement délaissé. Obnubilant notre esprit au détriment des efforts à destination du but, ultime et initial, que représente l’Excellence et la réalisation de soi, nos sentiments devraient ainsi être refoulés, bannis, détruits.
Dans le cas de tempéraments basiques, peu motivés, enclins à se laisser choir à la rencontre du moindre obstacle – et, de la sorte, à baigner dans la médiocrité –, il ne fait guère de doute que les sentiments constituent une barrière à même d’empêcher une possible ascension vers l’Excellence.
Cette première conception, si nous ne devons pas, bien sûr, la rejeter en bloc, souffre de nombreuses limites.
En effet, il est fondé de penser que s’éprendre d’autrui peut, sous certaines conditions, dans le cas d’esprits battants et désirant l’Excellence, constituer une sorte d’encouragement vers ce but.
En d’autres termes, l’obsession amoureuse, incitant à donner le meilleur de nous-mêmes, permettrait une certaine élévation par rapport au médiocre. Après tout – consciemment ou non –, n’est-ce pas pour une personne particulière, au-delà d’un regard global certes réel, que nous prenons tant de soin à vaincre un pli de chemise tenace, à cirer nos chaussures, à soigner des détails que personne, sinon nous, ne sera en mesure d’entrevoir ?
En prolongeant cette idée, nous pourrions même considérer cette intervention sentimentale comme la raison pour laquelle nous visons l’Excellence.
Par cette conception, l’Excellence ne serait donc plus un but en soi mais, au contraire, le cheminement à destination des préceptes de notre affection.
Au fond, par l’Excellence – l'atteinte du grade le plus élevé, l'exercice de responsabilités, la publication d'articles dans des revues classées, etc. –, peut-être ne cherchons-nous jamais que cette reconnaissance amoureuse… ?
Pr. Fourbe